Cela fait quelques années que je voulais repérer un sentier sur ma traversée du Grand Paradis. Car le deuxième jour implique une descente interminable de 1700 mètres et l'option pour éviter ce calvaire des genoux est de passer par le Grand Neyron. Le jour se lève en même temps que je m'élève. La forêt est silencieuse, seuls les casse-noix mouchetés s'affairent à collecter les graines d'aroles, le gare manger de l'hiver. Les couleurs sont chatoyantes, le rouge et le jaune s'emparent des feuillages.
Arrivée au premier plateau, des chamois de partout, les marmottes sifflent, le paysage est magnifique. Un arrêt méditatif s'impose. C'est ici que les énergies positives me rechargent. Mais je sais qu'il ne faut pas trop trainer car la boucle est longue. Sur une falaise, les tichodromes m'offrent un joli ballet. J'emprunte un pseudo chemin qui bientôt ne sera plus marqué, alors grâce à une application qui géo-localise même sans réseau (maps.me) je constate que le sentier officiel n'est pas loin. Après la pelouse alpine, place à la caillasse, les blocs se contournent facilement. Un cable, une échelle, puis des chaines amènent au col (3250m). Je surprends des lagopèdes qui s'envolent dans un glougloutement de mécontentement. Un magnifique bouquetin m'accueille et pas loin, les femelles surveillent les petits qui s'amusent dans de folle cabrioles. Après sept heures de solitude, arrivée au refuge Chabod et sa horde d'alpinistes qui se préparent pour l'ascension du Grand Paradiso, seul 4000 mètres entièrement sur sol italien. Les gnocchis au fromage local et courgettes passent merveilleusement bien. Et la descente dans la vallée s'effectue sur un chemin centenaire. Le jour tire sa révérance et mes jambes aussi après neuf heures de trotte et 1800 mètres de dénivelé...